L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) a officiellement ouvert une enquête sur le cannabis au Nigéria lors d'un événement parallèle intitulé " Drones, données ouvertes et autres méthodes novatrices de surveillance des cultures illicites ", tenu dans le cadre de la 65e session de la Commission des stupéfiants (CND).
Cette enquête est née de la collaboration entre l'Agence nationale de lutte contre la drogue (NDLEA) du Nigeria, le bureau national de l'ONUDC au Nigeria (CONIG) et le service de recherche et d'analyse des tendances de l'ONUDC, dans le cadre du projet " Réponse à la drogue et au crime organisé connexe au Nigeria ", financé par l'Union Européenne. Ce projet a pour objectif de soutenir les efforts du Nigéria dans sa lutte contre la production, le trafic et la consommation de drogues, ainsi que dans la réduction du crime organisé qui en découle.
Le cannabis est cultivé et produit au Nigeria tant pour la satisfaction de la demande locale que pour l'exportation. Conformément à l'enquête menée en 2018 sur la consommation de drogues, ce produit représente la drogue la plus consommée au Nigeria, puisque plus de 10 % de la population adulte, soit 10,6 millions de personnes, affirment en consommer. Plus de la moitié des personnes placées sous traitement pour usage de drogues illégales l'ont été pour usage de cannabis.
Cette enquête, considérée comme le premier exercice systématique de ce type, présente une évaluation de base de l'ampleur de la culture du cannabis au Nigeria. Elle cible six États de la région sud-ouest du Nigeria, considérés comme les plus exposés à la culture du cannabis : Edo, Ekiti, Ogun, Ondo, Osun et Oyo. Cette méthodologie repose sur une étude de télédétection couvrant une zone de 4 500 km au sein des six États identifiés, la capture de 17 185 photos et le recueil de données à partir de survols aériens en 2019 ; et des entretiens structurés en 2021 auprès d'experts de la NDLEA opérant dans ces mêmes six États.
Les principales conclusions de l'enquête sont les suivantes : (i) une culture estimée à 8 900 hectares de cannabis dans six États, dont la plus haute densité se situe dans la zone frontalière entre les États d'Edo et d'Ondo ; (ii) l'emplacement des champs de cannabis au cœur de forêts denses, établissant ainsi des liens entre la culture du cannabis et la déforestation ; (iii) la culture du cannabis se fait principalement pendant la saison pluvieuse ; (iv) le cannabis est cultivé seul ou combiné à d'autres cultures, dans le but de cacher les plantes de cannabis ou de générer des profits plus élevés ; (v) ; le rôle principal des travailleurs salariés dans la production, ce qui témoigne de pratiques commerciales et démontre que les principaux bénéficiaires de la culture ne sont pas automatiquement ceux qui travaillent dans les champs ; (vi) ; la culture du cannabis en lots ; (vi) ; la présence avérée d'un certain degré de réseaux de cultivateurs de cannabis ; (viii) la consommation prévalente du cannabis sur le marché local, accompagné de preuves de trafic vers d'autres pays et ; (ix) l'implication des groupes du crime organisé dans le trafic de cannabis à partir des fermes.
Toutefois, l'enquête a aussi ses limites.
Elle ne traite que d'une seule culture (saison des pluies ) en plein air et ne mentionne pas le cannabis cultivé dans les potagers, les cultures éparpillées dans les zones forestières ou les cultures en serre, qui toutes contribuent à la production globale de cannabis au Nigeria. Qui plus est, une recherche qualitative sur le modus operandi et les chaînes de valeur peut contribuer à déterminer dans quelle mesure la culture du cannabis constitue une menace pour le crime organisé national ou transnational. En outre, la déforestation représentant une menace majeure pour le développement durable au Nigeria, de plus amples recherches sur les facteurs communs à la déforestation, à la culture du cannabis et potentiellement à son exploitation illégale peuvent faciliter la mise en place d'interventions de développement ciblées.
Le projet de partenariat entre le Nigeria, l'UE et UNODC intitulé " Réponse aux drogues et à la criminalité organisée connexe au Nigeria " poursuit son objectif d'aider le Nigeria à réaliser les objectifs de développement durable 3 et 16 respectivement. À ce titre, il fait partie intégrante de la vision stratégique 2030 de l'UNODC pour le Nigeria.
Source: https://www.unodc.org/
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