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Journée nationale consacrée à l’incinération des drogues : quel est l’impact sur le trafic de drogue

Dernière mise à jour : 4 mai 2021

Alors que la Commission des Stupéfiants des Nations Unies a avancé le retrait du cannabis et des substances apparentées au cannabis du Tableau IV de la Convention Unique sur les Stupéfiants de 1961 en reconnaissance de leur valeur médicinale et thérapeutique, l’Agence Libérienne de Contrôle des Drogues (LDEA) a brûlé, le 27 novembre 2020, d’énormes quantités de stupéfiants à Monrovia, principalement du cannabis, évaluées à 783.471.720 LRD. Selon le Responsable des relations publiques de la LDEA, l’exercice a été mené simultanément dans les différents comtés pour marquer la « Journée nationale consacrée à l’incinération des drogues ». Il a indiqué que cet événement est habituellement organisé deux fois par an, mais que la pandémie de COVID-19 l’obligera à se tenir une fois cette année. Il a ajouté que ces drogues représentent celles qui ont été saisies depuis février jusqu’à ce jour et a souligné que l’essence de l’exercice était de communiquer la détermination de l’agence à mettre fin au trafic de drogue au Libéria, et de prouver au public que l’agence ne recycle pas les drogues saisies telles qu’elles sont accusées.

Bien que le volume total de drogues en circulation au moment de cette saisie soit inconnu, il ne fait aucun doute que le volume brûlé ne représente pas une proportion significative de celui qui aurait été en circulation. Cela suggère donc que l’élimination des drogues ne peut être réalisée par l’incinération des drogues, en particulier du cannabis, qui est principalement cultivé et consommé au Liberia. En outre, le caractère récurrent de cette approche ne fait que renforcer la préoccupation croissante du trafic de drogue et n’explique en rien les efforts d’éradication progressive de l’Agence. En effet, après plusieurs années de mise en œuvre infructueuse de l’approche prohibitionniste et d’éradication des drogues, les autorités du Liberia doivent se rendre à l’évidence que cette approche n’est pas fondée sur des preuves et, par conséquent, n’est pas durable. Elle n’a guère d’impact significatif sur la chaîne d’approvisionnement en drogue. Cela est dû en grande partie au fait que les trafiquants prospèrent dans un contexte de porosité des frontières, de faiblesse des infrastructures de sécurité et d’insuffisance des ressources des agences de contrôle des drogues - tel est le cas du Libéria.

En outre, la Journée nationale consacrée à l’incinération des drogues, adoptée par la LDEA en tant que plateforme de responsabilité publique et de transparence, n’est pas à la hauteur du temps passé, des ressources utilisées, des risques sanitaires et de la pollution de l’environnement qui y sont associés. Il existe d’autres moyens plus appropriés pour que la LDEA communique sa détermination à lutter contre le trafic de drogue au Liberia et prouve en même temps au public qu’elle ne recycle pas les drogues saisies. Cela commence par l’adoption de lois sur les drogues fondées sur des preuves et ancrées dans les droits de l’homme, la santé publique et le développement durable, pour lesquelles le processus actuel de révision de la Loi sur les drogues et substances contrôlées offre une plus grande opportunité. Le gouvernement du Liberia devrait envisager de réglementer le marché de la drogue plutôt que d’autoriser indirectement les groupes criminels organisés à gérer le marché au détriment de la santé et du bien-être des personnes usagères des drogues, de la paix et de la stabilité du pays.


Par : Prince Bull-Luseni

Directeur Exécutif

Réseau Ouest Africain des Politiques en matière de Drogues (WADPN)

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